L’histoire du musée

Hyères, une ville entre terre et mer où l’histoire a façonné le paysage

Au coeur de multiples paysages, la ville d’Hyères bénéficie d’une situation exceptionnelle, bordée au sud par la mer Méditerranée et ses îles d’Or, installée au nord contre la colline du Castéou et du mont Fenouillet, protégée à l’est par le massif des Maures. Cette position géographique singulière a favorisé l’émergence d’un microclimat.
Dès son origine, l’évolution paysagère de la ville est intimement liée à l’exploitation de diverses cultures rendue possible par ce climat spécifique.
Les activités agricoles deviennent rapidement florissantes et se multiplient sur tout le territoire hyérois.

La transformation du paysage de la ville d’Hyères repose sur les mains d’hommes et de femmes, à la fois héritiers et auteurs de cet environnement.
Ainsi, de nombreuses populations d’origines diverses se sont installées sur cette terre d’exception pour l’enrichir ou s’en inspirer. La variété de ses paysages terrestres et marins mais aussi la douceur de son climat ont été déterminantes dans leur choix.

Musée d’art et d’histoire, La Banque examine à travers ses collections l’évolution de ce paysage hyérois qui s’est façonné au fil des siècles. Quant à l’accrochage, il propose à la fois un parcours chronologique et thématique. Et, comme le présent se nourrit du passé, il mêle subtilement l’art ancien à la création contemporaine, offrant au gré de la visite, mystère et poésie.

C’est donc à une promenade originale dans l’histoire de la ville d’Hyères que le musée des Cultures et du Paysage vous convie…

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Le parti pris architectural du nouveau musée

Un projet débuté en 2018 avec le concours de l’architecte Alain-Charles Perrot

En 2003, à la fermeture de la Banque de France, la ville d’Hyères décide d’acquérir cet édifice voyant en ce bâtiment un lieu propice à l’édification de son musée.

Le projet a longuement été planifié, réfléchi dans un souci d’offrir un espace mûrement pensé qui offrira au visiteur un lieu unique d’expression culturelle à Hyères.

Sous la vigilance et les conseils patrimoniaux de l’Architecte des Bâtiments de France, le bâtiment a été conservé en grande majorité pour être magnifié par des choix architecturaux qui lui octroient une touche plus moderne se mariant parfaitement au caractère néoclassique du bâti d’origine.

Les travaux ont démarré en 2018 pour être interrompus à l’hiver 2019, pendant plusieurs mois, en raison de la défection d’une entreprise. La reprise du chantier fin 2020 va permettre aux Hyérois de découvrir ce lieu unique en centre ville.

Dans sa volonté de développer l’attractivité culturelle au coeur de la cité, la Municipalité réalise ce projet d’aménagement de cet espace remarquable de 2 188 m² avec le concours de l’architecte Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques.
Alain-Charles Perrot a mené de nombreux chantiers de restauration d’édifices culturels célèbres tels que l’Opéra Garnier, la Sainte Chapelle, le Grand Palais, les Arènes d’Arles ou encore la place Vendôme.
L’agence Prospective & Patrimoine et son architecte Bruno Donzet ont suivi les travaux de réalisation.

Les attentes de cette rénovation

Le projet vise à offrir de nouvelles conditions de conservation et de présentation des collections mais également de valoriser les collections permanentes et le patrimoine architectural de la Banque afin de rendre le musée accessible à tous les publics. L’enjeu est à la fois de respecter l’esprit du lieu et de créer de nouveaux espaces muséographiques comme l’installation d’une ombrière sur la terrasse sud ou encore une couverture sur le patio central.

La Banque est un bâtiment en pierre enduit à la chaux.
La minéralité est très présente. L’extension contemporaine sur la terrasse Sud, propose une nouvelle approche avec sa métallique brute et laisse apparaître la lumière. Cette coexistence entre une architecture patrimoniale et une architecture beaucoup plus contemporaine permet à ces deux parties de se valoriser et de se révéler mutuellement.
Cette extension contemporaine s’harmonise avec l’histoire de ce lieu et de ce bâtiment emblématique du centre ville d’Hyères.
Cet équilibre entre ces deux époques architecturales se traduit également par la création d’un patio couvert en son centre. Cet espace largement illuminé mais couvert, permet l’exposition d’oeuvres.
La façade n’est pas modifiée. Côté rue, elle est nettoyée et la toiture refaite à neuf.
À l’arrière, d’immenses baies sont érigées entre le soussol et le rez-de-chaussée pour marquer l’ouverture de la Banque.

Ainsi, le parti pris de cette restructuration est de garder l’esprit du lieu tout en l’adaptant aux exigences d’une muséographie contemporaine. En effet, les choix muséographiques aussi bien qu’architecturaux sont ceux de la continuité avec l’esprit de la Banque de France. Les éléments patrimoniaux marquants sont restaurés : la caisse auxiliaire, la salle des coffres-forts, le bureau de l’ancien directeur, la porte d’entrée monumentale, les grilles. Les enduits rafraîchis mettent en valeur les façades. Il s’agit de préserver l’atmosphère bancaire des lieux tout en offrant des espaces fonctionnels par les choix des matériaux, de la lumière et du mobilier, avec cette différence que les prestations d’aujourd’hui seront plus sobres et contemporaines.

Pour la rénovation de ce bâtiment les règles applicables aux « édifices remarquables » sont suivies : la toiture et les façades ne sont pas modifiées ainsi que les décors et les détails architecturaux.  Les façades sont restaurées dans le respect des techniques anciennes.  Les menuiseries et la ferronnerie sont préservées, restaurées selon le style de l’époque.
Toutes les interventions sur le bâtiment utilisent des techniques qui respectent l’aspect patrimonial du bâtiment.
L’objectif est d’exploiter au mieux le patrimoine acquis en tenant compte des contraintes du bâti existant et de ses potentialités. De plus, il s’agit de réaliser une rénovation complète respectant à la fois les exigences d’accessibilité du bâtiment pour tous les publics et les exigences techniques d’un bâtiment « Basse Consommation ».

Le musée : une nouvelle distribution des espaces pour dérouter, surprendre, séduire…

La volonté a été de créer un parcours muséographique et architectural cohérent. Par une réorganisation des espaces existants et la création de nouveaux espaces publics, différents parcours permettent aux visiteurs d’apprécier la collection en passant de l’art ancien à l’art contemporain tout en faisant l’expérience d’une variété d’espaces architecturaux. Ici, l’architecture est au service de l’art, sans volonté de domination. L’extension du musée est conçue de l’intérieur vers l’extérieur.
Il s’agit de proposer un ensemble cohérent permettant une certaine flexibilité. La morphologie des espaces permet plusieurs configurations des installations et du mobilier.

Réparti sur trois niveaux de 600m², le musée prendra toute son envergure dans les salles réaménagées en espaces d’expositions.
Le rez-de-chaussée offre un espace d’environ 400m² aux expositions temporaires, un hall d’entrée, un accueil et une boutique.
Entièrement réhabilité dans toute sa hauteur et dans toute sa splendeur, cet espace qui accueillait autrefois le public et les bureaux gardera sa vocation d’accueil des publics. Dans l’ancien bureau du directeur, on trouve désormais une boutique qui accueille les visiteurs. La salle centrale est transformée pour devenir un vaste espace présentant les expositions temporaires.
Les faux plafonds sont retirés pour redonner l’envergure d’antan au hall d’exposition principal. La muséographie de cette salle est, quant à elle, flexible. Différentes configurations de cimaises ont été étudiées afin de répondre aux demandes variées des événements.
La Caisse auxiliaire, dévolue au rangement des billets et des chèques, est conservée en l’état et proposera un pôle documentaire. Relié à la médiathèque, cet espace offrira un espace de consultation avec des livres portant sur les thématiques abordées dans le parcours permanent : jardins, paysage et l’histoire des villes de la Côte d’Azur.

Le sous-sol, semi-enterré, utilisé comme chambre forte, est divisé en deux parties : l’une conservant son rôle de réserves pour les collections, et l’autre, devenant un lieu de présentation d’expositions originales et thématiques.
L’impressionnante salle des coffres conserve tous ses éléments préservant l’esprit de la Banque de France.
La réorganisation du sous-sol de la Banque a créé de nouveaux espaces publics tels qu’un atelier pédagogique et un espace de détente qui permet également l’accès au jardin, partie intégrante du musée.

À l’étage, la muséographie transforme l’ancien appartement du directeur de la Banque en une grande galerie autour du patio central prolongé par l’ancien salon devenu une galerie en enfilade. Afin de rompre l’effet de monotonie d’un parcours linéaire, de grandes arches subdivisent les espaces, tout en conservant l’intégrité de leur volume. L’introduction de meubles à dessins permet de renouveler annuellement l’accrochage des arts graphiques. La création de l’ombrière sur la terrasse sud constitue un geste architectural qui donne au bâtiment une certaine modernité créant ainsi un pont entre le passé et le présent.

Le jardin, un trait d’union

Le jardin de La Banque, réhabilité dans la continuité du parcours scénographique, participe à la renaissance d’un « Musée de France » dans un bâtiment prestigieux.
Lors de la réflexion pour sa remise en état, à l’instar du bâtiment, la continuité avec le passé s’est inscrite comme une évidence se rapprochant de la formule du célèbre paysagiste Gilles Clément : « Le jardin ne s’enseigne pas, il est l’enseignant ».
Ici, le passé rejoint le présent par la conservation de nombreux arbres et arbustes datant de la création de La Banque. Des essences remarquables telles que les palmiers Butia, les citronniers, les orangers, témoins privilégiés de l’histoire de ce lieu côtoient subtilement de nouvelles plantations. Ce jardin est enrichi et mis en valeur par des herbes aromatiques de la région et des plantes de la garrigue (arbousier, ciste, romarin, etc.). Lieu de vie, de découverte et d’émerveillement, il réunit deux mondes celui de l’Art et celui de la Nature.
Le « Chat » d’Oscar Dominguez, sauvé de la dégradation lors de la restauration de la Villa Noailles par la ville d’Hyères, retrouve une place de choix dans ce jardin.

© ADAGP Paris